Créer le mouvement. A un premier geste, un premier sens, une première direction, on oppose, on contrarie. Une énergie bifurquée, non linéaire, imprévisible, irrégulière. Baroque. Après les structures presque logiques, les canons et les fugues, les variations ordonnées et exhaustives de ses maîtres, Matthias Weckmann trace son chemin au gré des ruptures esthétiques, des propositions novatrices et des évènements qui marquent son époque.
Musique des temps troublés, musique fantastique, étrange. Musique des guerres de religions, de trente ans et plus. Musique du conflit. Entre le beau et le laid, la mesure et la démesure, la raison et la folie. Weckmann fait pour défaire. Les gestes sont exacerbés. Le Stylus Luxurians est reconnu alors pour user d’un grand nombre de dissonances, de „figures“ propres à émouvoir et qui „s’accordent autant qu’il est possible avec le texte“. Les courants religieux, réformés ou non, tentent de séduire leur auditoire par des chants moins célestes et abstraits mais plus incarnés, pour ne pas dire charnels. Une vibration qui doit éveiller les émotions des fidèles. Une rhétorique sensuelle qui ne symbolise plus le divin mais s’adresse désormais aux sentiments de l’être humain. Traduire et provoquer avec les sons l’amour mystique entre l’âme et Dieu. Weckmann se saisit dans son oeuvre de cet art déclamatoire, de ce „madrigal sans parole“ comme dit Girolamo Frescobaldi, et dépeint les passions de l’âme, ses absurdes, ses contradictions.
YOANN MOULIN
Yoann Moulin commence son apprentissage de la musique avec Robert Weddle au sein de la Maîtrise de Caen. Il y découvre le clavecin qu’il étudie avec Bibiane Lapointe et Thierry Maeder et poursuit après un passage à l’académie de Villecroze avec Ilton Wjuniski ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans les classes d’Olivier Baumont, Kenneth Weiss et Blandine Rannou. À cette même époque, il découvre le clavicorde grâce à Étienne Baillot, l’orgue en autodidacte, l’improvisation aux côtés de Freddy Eichelberger et profite de l’enseignement de Pierre Hantaï, Skip Sempé, Blandine Verlet et Élisabeth Joyé.
Il joue depuis en récital et en musique de chambre dans différentes saisons et festivals comme la Philharmonie de Paris, La Roque d’Anthéron, les Folles Journées de Nantes, Oude Muziek – Utrecht, Ambronay, la Fondation Royaumont, Lanvellec, Montpellier-Radio France, le Venetian Center for Baroque Music, le Cervantino – Mexique, la Chaise-Dieu, l’Académie Bach d’Arques-la-Bataille, Saint Riquier, la Philharmonie du Luxembourg, le festival Actus Humanus en Pologne ou encore le festival International Tropical Baroque à Miami.
Il accompagne aussi plusieurs ensembles tels que les Arts Florissants, le Concert Spirituel, Les Musiciens du Louvre, l’ensemble Clément Janequin, la Fenice, le consort de violes L’Achéron, le Concert Étranger, la compagnie La Tempête, Capriccio Stravagante, la Maîtrise du Centre de Musique Baroque de Versailles, les Musiciens du Paradis, la compagnie de danse baroque Les Fêtes Galantes, Das Klub – Cabaret Contemporain ou le collectif de Jazz La Forge.
En 2017, il fonde l’ensemble „La Ninna“ qui explore par la musique de chambre un répertoire baroque plus intime et intérieur.
Toccata
Dietrich Buxtehude (ca. 1637-1707)
Singet dem Herrn
Christian Ritter (ca. 1645-1725)
Allemande sur la mort de Charles XI
Johann Caspar Teubner (1661.1697)
Sonata per violino
Dietrich Buxtehude
Klaglied
Philipp Friedrich Böddecker (ca. 1607-1683)
La Monica
Johann Jakob Froberger (1616-1667)
Ricercar
Heinrich Schütz (1585-1672)
Erhöre mich
Georg Böhm (1661-1733)
Praeludium, Fuge & Postludium
soprano
Stéphanie Paulet
violon
Jérôme Huille
violoncelle
Yoann Moulin
clavecin